La compagnie poursuit sa collaboration avec le Festival d’Aix-en-Provence, et débute en février 2022 un projet impliquant des jeunes de la région issus des structures partenaires du service socio-artistique Passerelles, des choristes issus du chœur Afrimayé, et les 8 musiciens de Souvnans. Un grand chœur multiculturel et intergénérationnel dʼune cinquantaine de personnes.
Ce projet est co-dirigé par Wilda Philippe (Comédienne, direction dʼacteur) et Alexandra Satger (Musicienne, chef de chœur). Il nait de l’envie de créer une célébration incluante et cathartique, dont la musique est un élément central, où chants, danses collectives viennent « soigner »… Une fête où l’on peut déposer quelque chose de soi dans un espace commun, ré-enchanter le quotidien, vivre du sens, exister ensemble.
« Faire ensemble »
Les musiciens de Souvnans ont proposé dès la première rencontre une structure de cérémonie, entrainant immédiatement les participants dans un « faire ensemble » : un petit atelier cuisine ou chacun a retroussé ses manches, puis l’invitation dans la salle, une mise en espace circulaire de l‘assemblée et des musiciens, des chants traditionnels issus de transmissions orales, sur le modèle du « call and response », qui permettent un apprentissage immédiat, de la musique joyeuse qui a permis aux corps de se déployer, du texte, ouvrant l’espace de la prise de parole individuelle, ainsi qu’une récolte de petits mots de tous les participants, qui avec l’accompagnement des musiciens, sont devenus les paroles de notre morceau commun… Le partage de la pièce montée de fruits que nous avions préparé ensemble, une danse de type a Balèti a mise en place sur du jazz de la Nouvelle Orleans…
Nous avons abordés pendant les 3 ateliers suivants les caractéristiques du travail que la compagnie Rara Woulib poursuit depuis de nombreuses années, son approche théâtrale qui passe par un engagement physique relativement poussé, techniques vocales, chant vibratoire, mouvement… Travail sur sa présence au monde, sa capacité à se modifier à chaque instant dans une écoute permanente de l’ensemble. Le travail du chant, qui ne prend pas seulement en compte la technique vocale et la transmission d’un répertoire. Il intègre également le corps du chanteur, et développe d’autres connexions entre les participants que celle de la voix. Communication par le regard, le mouvement collectif, et l’improvisation.
De ces ateliers nous avons recueillis des chants, en arabe, anglais, yoruba, espagnol, plusieurs textes, poèmes et récits, partage de deuil ou témoignage d’espoir, des propositions dansées, collectives ou individuelles, que nous avons pu intégrer dans la première restitution « Work in progress » qui a eu lieu le 1er avril au 6MIC (Aix-en-Provence). La restitution finale est prévue le 2 juillet au 6MIC également, après une deuxième série dʼateliers et de répétitions publiques.
Dans cette fête, comme dans une fête, nous ne sommes obligés de rien, on peut être assis ou debout, on peut chanter ou danser, ou parler ou se taire… Les protagonistes qui ont été accueilli durant la première rencontre sont devenus « initiés » et c’est ensemble désormais que nous accueilleront la communauté. Nous avons « fait groupe » et créé un espace bienveillant et stimulant, qui ouvre un champ étourdissant des possibles…
Alexandra Satger
« Il est beau que dans la langue française lʼhôte désigne aussi bien celui qui reçoit que celui qui est accueilli,
Loin d’annihiler toute distinction entre les deux personnes, ce terme unique suggère déjà une proximité, voire une intimité et un enrichissement mutuel.
Ainsi, l’inconnu, l’étranger, peut devenir le proche, le familier, l’ami.
C’est une possibilité qui s’ouvre comme une porte, ce n’est pas une certitude.
Et là est tout l’enjeu, le beau risque des relations humaines et de toute rencontre voulue ou bien offerte par la vie. »
Jacqueline Kelen